Merci à ma sœur Lucile pour cette magnifique vidéo.
Jusqu’au 8 janvier 2017, le Mamac dévoile les œuvres de Ernest Pignon-Ernest. Celui-ci a marqué de son Art, les rues de plusieurs pays, en France, en Italie, au Chili, en Afrique du sud, en Palestine et en Algérie.
Précurseur du Street Art aux côtés de J-M Gustave Le Clézio et de Baudouin, Ernest Pignon-Ernest est l’une des figures emblématiques des 20e et 21e siècles. Il s’illustre et s’élève dans plusieurs sujets, comme l’avortement, l’immigration, la religion, la politique, la liberté, la résistance…
Il ne mit pas longtemps à imposer son style et sa façon de travailler en dit d’ailleurs très long sur son état d’esprit : attaché à sa liberté et défenseur des droits de l’homme, il n’hésite pas à s’engager politiquement et à dénoncer les tares sociales.
Capable comme personne de saisir l’atmosphère du lieu, c’est lui-même qui installe ses collages, durant la nuit. Sur des cabines téléphoniques, les arbres, les murs, les trottoirs des façades, rien ne l’arrête, il ravive, réveille, magnifie les rues sombres et les quartiers populaires.
Cet autodidacte né à Nice, lutte depuis toujours contre l’oppression, la censure. Fan de poésie, de littérature et de peinture, il s’inspire des plus grands comme Le Caravage.
Grandeur et affectivité sont les deux mots qui, pour moi, définissent le mieux le travail de ce grand artiste. J’aurais pu dire aussi, engagement et humanisme ou encore vérité et liberté, chères à son cœur. Des œuvres grandeur nature guidées par le récit des habitants des lieux.
« Je ne fais pas des œuvres en situation, j’essaie de faire œuvre des situations », phrase tout simplement magnifique, qui résume bien son action.
Placardées pour seulement quelques jours, quelques mois ou même pour quelques années, c’est au gré du vent et de la pluie, des caprices de la météo que ses œuvres perdurent ou pas. Il fait le choix d’utiliser des supports pauvres comme le journal pour ses sérigraphies*. [* dessin au pochoir]
Ma série « coup de cœur » : « La prison », Lyon Saint Paul 2012
Cette prison, en particulier, a interpelé Ernest Pignon Ernest, car, elle à été classée comme la plus suicidaire de France à cause des difficiles et lourdes conditions d’incarcération pour ces prisonniers dont la plupart sont qualifiés de « politiques ». Il va individualiser ces prisonniers dans une série splendide. Chaque portrait est collé dans les couloirs, dans les cellules ou sur des portes comme pour être condamnés à un face à face. Une sorte de reconnaissance qu’offre l’artiste à ces « résistants ».
Indéfiniment ma série « coup de cœur »
MON AVIS
Ernest Pignon-Ernest ne triche pas, ni avec les faits, ni avec ses crayons.
Tout est mis à nu, la souffrance, la crispation, chaque parcelle des corps dessinée nous raconte une histoire, nous chiffonne, nous raidit, nous émeut. Pas besoin de scholies pour comprendre les toiles. Tout se passe dans les tripes !
Le monde aseptisé s’envole. Celui qu’on voudrait nous faire avaler, gentiment. Pignon-Ernest, c’est l’envers du décor. Ce n’est pas une scène de théâtre. Les rideaux ont été arrachés, et on a le nez dans la vérité crue, comme on n’aime pas toujours la voir et la savoir. Parfois au ras du sol, parfois pendue, l’authenticité a un coût. Elle nous ramène à notre volonté habituelle de ne pas vouloir admettre, comprendre et connaître l’évidence. À nous conforter dans nos petites habitudes dictées par les discours propagandistes qui laisseraient penser que tout va au mieux dans le meilleur des mondes. Cette exposition, c’est un appel au réveil des consciences et elle tombe à pic.
On n’a pas envie de sortir de cette expo, elle nous absorbe, nous interpelle, elle fouille dans nos entrailles, nous prend le pouls. Elle ne nous laisse aucune pause entre chaque installation. On en sort chamboulé. C’est pourtant délicieux.
Vous avez jusqu’à janvier 2017 pour aller au MAMAC mais n’attendez pas la nouvelle année !

Coralie
Pour l’avoir vue, je confirme toutes les sensations décrites dans cet article.
Ernest Pignon-Ernest m’était inconnu jusqu’alors mais jamais je ne l’oublierai désormais.
Il déclenche quelque chose en nous. Quelque chose de bon malgré la souffrance des corps.
Il me semble important d’aller voir cette expo.
Tout bonnement magnifique.
Salade Niçoise
Merci pour ce message !
Laurie
Jean-Pierre
Une expo extra que j’ai faite grâce à votre article !
Merci encore
JP
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